UN DIMANCHE AU PAYS DES RILLETTES

Pour les Word Series

 

Le Mans 1er octobre 2006

 

Il ne fait pas encore jour, il pleut un peu, et les rues sont vides, mais pourtant les membres du RFC sont bien présents au rendez-vous sur le parking du centre Alma, prêts à partir pour un nouveau périple. Dominique R., frétillant comme un jeune gardon, est très fier de présenter sa nouvelle monture, un softail rutilant, d’une couleur très réussie, et qu’il ne détient que depuis la veille. Le seul un peu désemparé, est Hervé, qui venu seul, en a oublié sa tenue de pluie. Rose Marie, bonne âme, lui prête donc un pantalon de deux tailles trop petit, et c’est un Hervé, parfaitement moulebité, qui s’en va avec le groupe vers les contrées mancelles. La route est agréable, malgré le temps bien humide ; Hervé, craignant l’arrosage, et supposant bien que son pantalon ne supportera aucune surpression se remémore une pensée de Lao Tseu, alors bien vieux et diarrhéique  incontinent, « Si j’ pète, ch’ suis plus étanche ! » . Dom lui non plus, n’a pas confiance dans son pot d’échappement, légèrement fissuré, à tel point que désormais, il roule en Toyota. Le cauchemar, il est au chaud, au sec, à écouter de la musique, dans une voiture japonaise, pauvre Dom ! !

Nous arrivons dans la Sarthe, les routes sont bien grasses, tartinées de rillettes ; Dom B en profite pour nous régaler d’un freinage hasardeux, chaloupant de gauche à droite de la route, avant de bloquer la belle sur un trottoir ; ça a failli. C’est sûr, si il s’était vautré, il aurait été ronchon pour la journée. En le suivant, j’ai des moments de rêverie, et je me surprends à imaginer suivre Peter Fonda sur son chop très seventies dans Easy Rider ; la route est inondée de soleil, nous allons vers Woodstock, Peter, devant moi, guidé par sa longue fourche et son hapehanger, sourit béatement, avec ses quinze pétards dans le nez, aux jolies filles libérées qui marchent le long de la route, …….et d’un seul coup, réveillé par un cahot, je prends conscience des réalités, en fait, il pleut, la route est bordée de platanes faméliques, je roule derrière Dominique R. et la seule fille aux seins nus, c’est Binouze, lamentablement vautrée dans la Toyota de son maître préféré.

Régis et Sylvie, toujours sympathiques nous attendent à Noyen, en compagnie du chef et de son épouse, et tous ensemble, nous partons vers Le Mans pour la visite du musée de l’automobile ; il y a un monde fou, car sur le circuit ont lieu les World series, ce qui attire une foule de passionnés. Nous visitons le musée, fort intéressant, admiratifs devant certains véhicules parfaitement restaurés.

Il est temps de partir déjeuner chez les sœurs, en fait, loin d’un couvent, il s’agit d’une ferme auberge, dans un site très agréable, tenue par deux frangines. Le repas est copieux et succulent. Quand le plat principal arrive, une potée sarthoise, la tête du director steackfritophage est un moment de choix ; il a une sensibilité particulière, en ce qui concerne le domaine culinaire, et l’aspect du met proposé le déroute un peu, « le cuisinier a pris une caisse hier soir et a gerbé dans le plat ? »demande-t-il innocemment, mais en fait, c’est excellent, et, comme tous les convives, il apprécie cette spécialité locale.

Nous ne repassons pas au circuit du Mans, il y a trop de monde, nous passons chez Richard, qui nous fait admirer sa splendide 4cv, avec sa peinture toute neuve, et sa 2cv tout aussi belle, mais, caprice de star, qui refuse, elle, de démarrer. Le café offert par la maison est bienvenu.

Nous repartons sous un temps incertain, la circulation est dense, et le vent particulièrement fort, au moins force 8. Hervé, avec le V-Road et ses roues pleines, galère comme un malade et tire des bords de gauche à droite comme un vieux matelots. Saoulé par le vent, il délire un peu ; je l’entends chanter d’abord « Les gars de la Marine », puis ensuite déclamer à vive voix du Victor Hugo, marino-bikerisant :

« O combien de bikers, combien de capitaines

qui sont partis joyeux pour des courses lointaines

Sont revenus piteux, d’alcool apesantis,

Cherchant la bonne excuse pour leurrer leur Cathy »

 

           Nous sommes tous bien rentrés, parfois un peu humides, mais, c’était bien cette sortie organisée par Richard, qu’il en soit remercié.   JYD